#thisisbetterthanporn

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La lumière du corridor me laisse entrevoir la courbe de tes fesses, comme une lueur d’espoir après un été qui m’a ravagé. 

J’entrevois tes yeux, tes yeux qui disent tout le temps tout. Le regard qui déshabille, qui dévore, qui goûte l’envie de perdre le contrôle. Avoir envie que tu me regardes, juste pour sentir tes yeux se poser sur mes seins, sur mon ventre, sur mes fesses. 

Et ton odeur qui colle à ma peau. L’odeur de tes cheveux, l’odeur de ton cou et le petit goût salé de ta langue. J’ai juste envie de te goûter de partout. 

T’es comme un nouveau terrain de jeux avec tellement de choses à explorer, je veux tout essayer. Mais je veux prendre le temps. Prendre le temps d’apprendre, de toucher, de mordre doucement. Découvrir les secrets de ton corps et sentir ta peau se braquer sous mes ongles. 

Et frencher. Toujours avoir envie de frencher, parce qu’on le sait, c’est la base de tout.

-L

Dimanche après-midi d’hiver à Montréal. Intérieur d’un petit café. Rien de particulièrement invitant. FEMME 1 et FEMME 2 discutent. FEMME 1 a une cinquantaine d’années, est reposée, bien mise, sereine. FEMME 2 est dans la mi vingtaine, ne semble pas avoir beaucoup dormi, regarde partout en même temps. Ni une ni l’autre n’a enlevé son manteau. Elles boivent des cafés au lait dans des bols.  


FEMME 1 

C’est bon, le lait de soya, t’avais raison. Je sais juste pas si je pourrais en faire boire à Pierre, peut-être avec beaucoup de sucre…


 

FEMME 2 regarde par la fenêtre, perdue dans ses pensées


FEMME 2 

Je trouve ça assez difficile, moi, de me laisser tomber amoureuse de lui. C’est compliqué de démolir tous les petits patterns dans ma tête.


FEMME 1 

Des fois, dans les débuts, t’avances à tâtons pas mal, tu doutes des sentiments de l’autre, t’oses pas trop. Avec Pierre, au début…


FEMME 2 

Je dirais pas que c’est ça. Lui, il fait ses affaires de son bord, moi je fais mes affaires de mon bord, ça va ben. Je doute pas de nous. Je doute de moi, tout le temps. J’évalue toujours la possibilité qu’on arrête de se voir. L’impact que ça aurait dans ma vie. Je calcule mon abandon. Je sais jamais si j’suis dans le spot amoureux de mon cœur quand je pense à lui parce que j’ai jamais connu de quoi d’aussi simple. Quand t’es habituée à des amours discrets pis torturés, tu te dis que si t’as pas mal pis qu’il te tient la main dans la rue, t’es pas en amour.


FEMME 1

Faut réapprendre à aimer à chaque fois qu’on aime…


FEMME 2 

Je sais comme pas si j’suis prête à être avec quelqu’un qui me plait vraiment. Un gentil, un drôle. Le matin que tu déjeunes avec ton meilleur ami en riant pis que t’es pas stressée, faut que tu réapprennes le désir sexuel à travers ça, c’est ça que personne dit jamais.


FEMME 1 chuchote 

Ça donne des affaires le fun comme avoir envie de lui en faisant l’épicerie parce qu’il vient de te faire une vraiment bonne joke, par exemple!

 

FEMME 1 ricane, FEMME 2 est préoccupée, elle ne détourne pas son regard de la fenêtre


FEMME 2

L’intimité qui s’installe. Je savais pas moi, que l’intimité, c’était de vivre de quoi avec l’autre… pis que ça suffise. De pas avoir besoin de tout raconter à tout le monde pour te prouver que ça existe. Juste être avec l’autre, de le vivre, pis que ça te suffise dans ton partage. Quand t’es habituée de raconter tes baises à tes amies comme si c’était des contes fantastiques, ça change la vibe. Avant, pour me sentir puissante, j’avais juste à baiser pis à me convaincre que je ressentais rien. Àc’t’heure, après avoir baisé, je me sens molle pis conne mais tellement ben, je pense à rien pantoute. Pantoute pantoute. La paix.


FEMME 1 prend une grande respiration, baisse les yeux

 

FEMME 2 

Math, à la fin de notre relation m’a déjà dit : «Criss faut-tu que je t’envoie chier pour que t’aies envie de moi».

 

FEMME 2 détourne son regard de la fenêtre pour regarder FEMME 1 qui se mord l’intérieur de la joue.

 

FEMME 2 

Ça te reste dans tête t’sais.


FEMME 1

T’as bien fait de jamais me dire ça.


FEMME 2 

On dit pas ces affaires-là, on les subit. Longtemps.


 -Ma Querelle

Et on se reconquérit

Non nous ne sommes plus la petite éponge

Au fond du bol de toilette


Et on se trouve un prétexte

Se nettoyer les yeux

Jusqu’aux oreilles


Et on apprend à oublier

On apprend et ça devient naturel


On se couche

On se couche

On se lève


Et on se réveille

Dans les cheveux de quelqu’un d’autre


-O

Je t’ai trainée de pièce en pièce en ramassant mon p’tit change. Tu t’accrochais à mon cou. Tes tripes bavaient sur le plancher. Ta bouche tirait vers le bas tandis que tes bleuets d’yeux traquaient la mienne. T’as même raté le dernier bus dans l’espoir de sentir mon tango indexe-et-majeur gonfler, une dernière fois, ta cerise nouvellement orpheline.

Avoue que t’avais calculé le coup. Parce que tsé, débarquer à Loretteville, en bus, à 23h30, quand t’es de la haute, c’est téméraire.

Ou calculé.

Tu te foutais bien du sous-sol de mes parents. Ça faisait même sûrement ton affaire.

Ils m’auraient jamais laissé te crisser dehors. Surtout pas à moins 15. Ils t’aimaient bien et tu le savais.

Tu savais aussi que je l’aurais pas fait. Je connaissais l’horaire de la 87.

Et t’avais le don de m’attendrir.

T’as toujours été forte en maths.

Incapable d’articuler, la mâchoire barrée à force de pleurer à l’italienne, tu criais de partout pareil :

« Déconcrisse-moi! Aime-moi! Stp. »

J’ai plongé une dernière fois mes doigts dans ton centre cette nuit-là. Je ne le voulais pas. T’as insisté. T’étais humide de partout. Après avoir joui, t’as fini par t’endormir, tes bleuets dans mes verts, au bout de leurs lacrymales.

Pas moi.

J’ai plutôt passé la nuit à imaginer ce que ça aurait pu être si t’avais pas été aussi pressée de me présenter ta famille. Mais, t’étais beauceronne. Et moi, pissou.

Le lendemain t’as enfilé tes bottes avec un air de veuve noire.

La 87 t’attendait sur Racine.


-Katia

la nuit s’étiole

les chats dorment

encore

l’aube s’infiltre

doucement dans nos poumons pour

allumer le bas-ventre


allez

enfile ma peau elle est

presque neuve

quelques accrocs

ici et là mais

elle cache une fièvre joyeuse


allez

j’ai gardé toute ma salive

pour des moments

comme toi


allez

tu sais les aurores sont trop rares

et on entendra bientôt

le cliquetis des griffes sur le plancher


-Charles

L’équipe de This is better than porn est fière de ramener sur scène Cet endroit entre tes cuisses, u

L’équipe de This is better than porn est fière de ramener sur scène Cet endroit entre tes cuisses, une performance théâtrale érotique ayant obtenu un succès retentissant en juin 2015. Cette nouvelle version revue et améliorée sera présentée au Cabaret Lion d’Or les 23 et 24 mars prochain. Elle comprendra quelques nouveaux textes tout en préservant l’intimité rafraîchissante de la première édition. Au plaisir de vous y voir!

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Je pense que j’ai fait un pacte avec la beauté pour te dire que je t’aime. Pour te dire que j’ai envie de t’avoir sur la peau même si j’ai peur. Parce qu’avec toi babyboy je sais que je peux avoir quelque chose d’inhabituel qui fait vivre plus fort et qui fait comprendre plus vite. J’ai envie de combler l’ordinaire avec toi pour lui donner de la grandeur. J’aimerais aussi ça qu’on fasse de nos blagues une chanson qui ne rime pas pour danser l’ennui. Ensuite, juste se flatter et se bercer dans l’amour qui donne chaud comblerait nos journées.


Tu sais que je le connais ce sentiment enfouis qui me donne envie de parcourir ton corps. Des animaux m’ont dit dans un langage d’autrefois que tes promesses pourraient tenir bon et que mes envies pourraient se laisser couler. Et moi et moi dans un visage ancien qui a peine à voir, je pense qu’il ne faut surtout pas oublier de courir contre les choses qui étouffent et de se donner du sens même quand il n’y en a pas. Ne pas se laisser mourir dans le coin du lit. Les souvenirs enfouis de nos corps enfouis de nos corps enfouis qui oublient parfois ce sentiment qui sait donner la peau douce et les yeux clairs. J’aimerais beaucoup m’aplatir contre notre histoire pour qu’elle ne parle pas sans moi. Je réinventerai nos peurs et chanterai dans un murmure nos fantasmes. Pour qu’à chaque instants nos coeurs deviennent si chauds, qu’ils finiront par nous émouvoir rapidement. C’est toujours à la même heure que je finis par me dire que ça vaut la peine de se regarder dans les yeux et c’est toujours à la même heure que je t’attends et que je sens nos histoires se toucher doucement et se faire l’amour dans ce qu’on pourrait appeler une tentative désespérée. J’ai de la dentelle sur le corps qui me rappelle que j’ai voulu être touchée. Je suis ornée de tentatives d’amour, de tentatives amoureuses comme des pièges qui me donnent envie de pleurer.


Je pense que j’aimerais beaucoup ça sortir de mon propre spectacle d’amour. 


-AJD

L’appartement était magnifique. Il comportait plusieurs chambres, sept en tout et il y avait un long corridor qui menait de devant à derrière. De chaque côté de celui-ci, les pièces étaient disposées comme les billes d’un rosaire. Les murs étaient fraichement peints et un puits de lumière œuvrait avec sa clarté au milieu du couloir. On a emménagé, moi seul d’homme avec toutes ces filles, charriant des meubles de fortune qu’on avait pu trouver. Je travaillais dur, mais elles faisaient leur part aussi, à deux ou trois sur un bout, elles charriaient. Des lits, des divans, des commodes. Quand tout a été rentré, je leur ai donné 500 dollars. « Allez à l’épicerie. Achetez tout ce que vous voulez mes petites gueuses. » Lorelaï et moi on est resté derrière à s’étudier le corps.


On s’est d’abord regardés dans les yeux et ensuite on a mélangé nos salives. En moins de deux, on s’est retrouvés nus sur le lit d’une des chambres et on s’est lancés l’un sur l’autre comme des oiseaux sur des fruits. L’après-midi s’étirait dans ses bras, en filant par ses épaules nues. Je les caressais comme pour arrêter le temps. Sa peau goûtait bon, quelque chose comme une promesse et on découvrait ensemble les limites du désir. Je l’embrassais, à pleine langue, de long en large et ça la faisait rire. Elle gigotait tandis que j’opérais ses frissons. On a passé une bonne heure comme ça, étendus dans la lumière froide du midi, à mélanger nos corps dans des entrelacs de plaisir.


Quand les filles sont rentrées, on a simplement refermé la porte de la chambre. Celle-là, on venait d’en prendre possession. Ainsi, simplement en fermant la porte, on venait de décider que c’était là qu’on habiterait. On a mis une heure à nous rhabiller. On s’embrassait à la volée entre chaque vêtement qu’on peinait à enfiler. Quand on est sortis, les autres ne se souciaient plus de nous. Elles allaient et venaient dans toutes les directions, comme des fourmis qui s’affairent à quelque chose d’important. Quelques-unes cuisinaient. D’autres installaient leur chambre. L’activité se déroulait sous nos yeux comme le présage d’un bonheur. La lumière tombait de la lucarne et se diffusait partout en se multipliant sur le plancher. Et lentement, le jour s’est couché. La lumière orange densifiait sa présence dans toutes les fenêtres et ça feutrait l’ambiance. Les filles sont devenues silencieuses. Elles continuaient à s’affairer, mais elles le faisaient sans bruit et, ainsi, dans la paresse de la couleur orange, ça devenait quelque chose de religieux qu’on voulait entretenir. Lorelaï et moi on se regardait. On ne parlait pas, mais on se comprenait. Pour ce soir-là, tout était parfait. Je n’aurais pas changé une virgule dans le scénario qui nous avait menés là.


Vers 21 heures, on s’est installés dans le salon et on a écouté un film. Tout le monde ensemble. Lorelaï et moi on se tenait la main. Par moment, il y en avait une qui braillait, après c’était l’autre qui riait. Ça leur faisait vraiment de l’effet. Quel film c’était? Je ne sais pas. Je faisais semblant de regarder, mais j’étais perdu dans un racoin de mon utopie.


-Daniel

Je n’ai jamais conquis de sommets plus hauts que les miens. Jamais touché de débordement plus débordant que tous les seins qui m’entourent. Jamais embrassé de joues plus pleines. Jamais marché de territoires plus vastes que mes propres terres.

Tu es une Montagne. Que j’aimerais explorer.

Il me faut juste trouver par où commencer.

-Katia L.

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