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Et voilà, nous nous sommes envolés le 22 décembre pour l’Algérie et en sommes revenus le 26. Ce voyage aura été des plus rempli entre visites, mariage, découvertes et autres joyeusetés des voyages. Dans tous les cas, je pense que les mots : dépaysement, magique, émerveillement et découverte sont les plus représentatifs de ce voyage.

Alors, pour ce voyage, nous n’avons pu aller et profiter que d’Oran car nous étions quelque peu dans une course contre la montre puisque je devais être en France le 28 décembre. Nous avons donc décidé de profiter au maximum de nos quelques jours en Algérie et à Oran.

Tout d’abord, le départ pour l’Algérie, nous avons pris l’avion pour Oran vers 12h30. Nous avions à peu près une demi-heure de retard par rapport à l’heure prévue mais il semblerait que ce soit monnaie courante sur la compagnie Air Algérie. Arrivés à l’aéroport, nous avons réalisé que nous n’avions peut-être pas choisi le meilleur jour d’arrivée. En effet, nous sommes arrivés un vendredi et le vendredi est le jour saint en Algérie donc la plupart des commerces, banques et autres facilités sont fermées. De même, nous avons rencontré des problèmes avec la navette. Nous avons pris un peu de retard le temps de passer la douane. D’ailleurs, il faut savoir qu’en tant que ressortissant étranger, vous avez une fiche de police à remplir (et que celles-ci se trouvent à droite de la zone d’attente à l’aéroport d’Oran). Ne le sachant pas, nous avons fait la queue jusqu’à arriver devant un douanier plutôt mal-aimable qui m’a signifié avec un signe de la main d’exaspération qu’il fallait remplir la fiche. Sans préciser où la trouver. Par chance, nous avons vu une dame faire la même chose. Après la douane, il a fallu récupérer la valise et autant dire que ce n’était pas une mince affaire. Ce n’est pas le nombre de valises qui comptent sur cette compagnie mais le poids. Donc, la plupart des gens ont plein de valises et sacs différents. Une fois le tout récupéré, opération navette. Et là, ça a été compliqué. L’aéroport était particulièrement rempli car il y avait des familles présentes pour accueillir des retours de pèlerinages. Nous avons demandé de l’aide à l’aéroport et en désespoir de cause, avons appelé l’hôtel qui nous a renvoyé une navette. Nous n’avons pas trop compris pourquoi elle n’était pas là à notre arrivée mais nous sommes finalement arrivés à bon port à l’hôtel Colombes, qui est un très bon hôtel pour un prix plutôt raisonnable.

A peine arrivés, notre ami S., futur marié de surcroît, nous a appelé pour nous dire qu’il venait nous retrouver avec C., une collègue de V. et invitée au mariage, pour aller manger un bout ensemble. Avec un simple plateau d’avion dans l’estomac, j’avoue que nous commencions à avoir faim. Donc nous retrouvons S. et C. pour aller manger un bout dans le centre d’Oran. On en profite pour faire un petit tour sur le front de mer. On mange et un peu terrassé par la fatigue, on décide tous de rentrer chacun chez soi pour dormir et être en forme le lendemain pour notre première visite guidée du séjour.

En effet, nous avons décidé sur conseil de S., de visiter la ville grâce à un guide et une association qui s’appelle Bel Horizon. Cette association cherche à faire connaître le patrimoine Oranais aux Oranais mais aussi aux touristes qui pourraient passer par là. Dans ce sens, cette association propose des formations pour devenir guide et nous avons pu profiter de leur connaissance de la ville et de son histoire. Et tout ceci, pour un prix qui était des plus raisonnables (sur la base d’un salaire français j’entends) surtout, que nous étions 3 à nous partager les frais. Faire la visite de la ville et de ses alentours avec cette association nous a permis d’en apprendre plus sur la ville, son histoire et son évolution à travers les âges mais aussi sur des projets de restauration à venir (et les enjeux qui en découlent). C’est une association très investie qui cherche à défendre le patrimoine qui ne dispose que de très peu de budget et n’est pas un réel enjeu pour les politiques (bien malheureusement d’ailleurs). Vous pouvez les suivre et les contacter sur leur page Facebook. Durant notre voyage, c’est Rafik qui nous a fait la visite d’Oran et Abdel la visite de ses alentours.

1ère journée de visite, Oran

Commençons par notre première journée de visite ! Je ne vais pas vous retranscrire tout ce qui nous a été dit car si vous voulez des informations, je vous invite à consulter la page de Bel Horizon :). Levés relativement tôt pour un rythme de vacances, Rafik vient nous chercher directement à l’hôtel et direction la Place d’Armes d’Oran et la ville Européenne. La ville Européenne est la partie d’Oran qui a été construite par les Français durant la colonisation. Nous arrivons donc sur la Place d’Armes, désormais, la place 1er novembre, où l’on trouve le théâtre, l’ancien hôtel de ville et le monument de Sidi-Brahim (ou Abd-el-kader). Tous ces bâtiments et cette place ont été construits par la France. D’ailleurs, durant un temps il a été question de rapatrier le monument Sidi-Brahim en France. C’est une chose qui s’est produite par exemple avec la statue de Jeanne d’Arc qui se trouvait devant la cathédrale dans le style néo-byzantin qui est désormais une bibliothèque. La statue de Jeanne d’Arc se trouve à Caen. Après, la place d’Armes, nous nous sommes rendus dans le bureau du plus vieux journal d’Oran : L’écho d’Oran qui est devenu la République. Rafik réussit à nous faire voir une salle qui est censée être fermée (car nous étions samedi, jour de week-end). Dans cette dernière, plusieurs portraits dont celui de journalistes qui ont été tués lors de la guerre civile dans les année 1990. Rafik en profite pour parfaire notre culture et nos connaissances historiques en nous expliquant beaucoup de choses sur cette période et de la défiance que les algériens nourrissent quant aux barbus depuis. Ensuite, on marche jusqu’au musée de la Culture, anciennement le musée du Colon et de l’Agriculture. C’est un très beau bâtiment art déco mais un espèce d’alien architectural se tient à ses côtés et gâche un peu tout. De plus, le bâtiment est assez abîmé. Pourtant, comme nous l’a dit Rafik, ce serait un bâtiment à rénover et surtout à conserver. Nous sommes ensuite allés voir la bibliothèque d’Oran, ancienne cathédrale dans le style néo-byzantin. On a aussi été voir la tour de la Compagnie Algérienne. Nous sommes repartis vers la place d’armes et nous sommes rentrés dans le théâtre et nous avons pu visiter la salle. C’était magnifique.

Nous avons repris la voiture pour aller voir le palais du Bey, un des rares bâtiments qui témoignent du passage des Ottomans à Oran. En effet, il faut savoir que les Ottomans ont été présents pendant très peu de temps comparé au reste de l’Algérie et on trouve donc très peu de traces de leur passage. A côté du palais du Bey, se trouve un énorme squelette d’un bâtiment inachevé. Ce bâtiment devait être un palace avec piscine etc. afin d’accueillir des délégations mais n’a jamais été fini car le second crash pétrolier a mis à mal l’économie algérienne et oranaise. De plus, le détruire coûterait très cher et on prendrait le risque de détruire le palais du Bey. La structure sert entre autre, de panneau publicitaire ou de panneau d’affichage pour les élections. Rafik nous a dit qu’il existait actuellement un projet de réhabilitation du palais du Bey par la Turquie. Bel Horizon souhaite superviser cette réhabilitation car on trouve dans le palais du Bey, une partie Ottomane mais aussi une partie française puisque les militaires français ont investi le palais durant de nombreuses années. On trouve un premier bâtiment où le plancher est très abîmé. De même que les peintures mais qui rénové, présenterait une richesse superbe. On a aucun mal à imaginer les lieux en meilleur état et c’est somptueux. On passe ensuite dans un jardin à l’écart de la ville et là, on ne sait plus où l’on est. C’est calme, tranquille, loin de l’agitation de la ville. Au fond de ce jardin, on trouve la maison de la favorite. Sur le balcon, on a une jolie vue sur la Vieille ville d’Oran. Cette partie de la ville est un vestige de l’occupation espagnole et Ottomane. En effet, avant l’arrivée des français, la ville et le centre ville se concentrait de ce côté-là. Ce sont les français qui ont étendu la ville lorsque la population a beaucoup augmenté. On peut voir d’ailleurs un minaret dans le style Ottoman. Ensuite, nous avons continué notre visite avec le bassin, les anciennes cuisines et les écuries.

Repartis en voiture, on s’arrête près du port, dans un parc et ensuite on va voir l’ancienne mairie, les arbres amoureux sur la place de la République ainsi que la place Kleber. Après, on s’en va voir les bains turcs où l’on trouve une association. C’est tout comme le palais du Bey, un des vestiges du passage Ottoman à Oran. Notre visite est un peu écourtée par un appel de notre ami S. qui souhaite manger avec nous. Retour vers le centre et on mange dans un self avant de partir pour un nouvel après-midi de découverte. On en profite pour passer voir le bureau et siège de l’association Bel Horizon, dans la rue des associations. On trouve dans cette rue comme son nom l’indique, un grand nombre d’associations.

L’après-midi, direction les hauteurs d’Oran et le fort de Santa Cruz ! Nous prenons de la hauteur et on a une vue géniale sur la ville ainsi que sur Mers el-Kébir. Historiquement c’est là que les espagnols se sont installés et ont ensuite construit des forts pour se défendre sur les hauteurs. Mais fatigués d’être attaqué par Oran, les espagnols ont fini par prendre Oran. Sur les hauteurs, on trouve également des traces de l’ancien téléphérique et une mosquée en construction. Cette mosquée est un don d’une personne influente qui voulait construire une mosquée qui surplombe Notre Dame du Salut. On profite d’un petit cours d’histoire de la part de Rafik qui nous apprend de nombreuses choses par exemple, sur la participation de l’Algérie lors de la seconde guerre mondiale ou encore, sur l’indépendance de l’Algérie. Si vous voulez plus de détails, je vous invite à aller visiter et faire appel à cette association D’ailleurs, j’ai appris de nombreuses choses durant ce voyage tant sur l’histoire de la France que de l’Algérie. Nous sommes ensuite allés visiter le fort de Santa Cruz, fort espagnol qui surplombe la ville de toute sa hauteur. Malgré des travaux, nous avons aussi pu jeter un œil à Notre Dame du Salut qui se trouve en contrebas du fort.

Nous repartons dans la ville pour aller visiter la Grande Mosquée et la gare. Pour visiter la mosquée en tant que femme, C. et moi devons nous couvrir. Pas de problème, on nous prête de quoi nous couvrir et nous visitons la Grande Mosquée et je pense qu’un mot résume ce bâtiment : splendide. Cette mosquée est récent (2013) et peut accueillir jusqu’à 15 000 personnes. Tout est beau, travaillé et il émane un côté chaleureux de ce bâtiment. Lors de la prière, l’étage est pour les femmes et le rez-de-chaussée pour les hommes. Nous avons également vu la bibliothèque qui est une bibliothèque généraliste. La gare quant à elle, a été construite par les français et a le style d’une mosquée “pour se fondre dans le paysage”. C’est également un bâtiment très beau à voir. Cette première journée de visite s’achève car nous devons rentrer nous préparer pour le mariage qui nous attend.

Le mariage

C’était une grande première pour nous, un mariage algérien en Algérie. On commence en se rendant chez notre ami, le futur marié. Il a quelque une heure et demi de retard mais nous prenons des photos, le folklore joue de la musique et tout le monde se joint au cortège pour se rendre chez la mariée. Après quelques cafouillages, nous arrivons chez la mariée, un peu en retard. C. et moi avons la possibilité de monter voir les mariés, on nous prend une nouvelle fois en photos, on nous dit de sortir, on ne sait pas quoi faire et on se sent un peu perdu mais par chance, la famille de S. nous prend en main et nous dit quoi faire. Nous reprenons la voiture et direction la salle. Cette fois, on ne s’est pas perdu et nous attendons les mariés. Ils arrivent et c’est le début des hostilités et des 11 robes de la mariée. Elle est magnifique il faut le dire mais on a beaucoup compati car elle a passé sa soirée à se changer. Nous profitons de la fête, du repas et chaque fois qu’une tradition est à l’oeuvre, on vient nous chercher pour qu’on puisse profiter de chaque instant.

Nous étions un peu la touche exotique du mariage et tout le monde était au petit soin. Je pense que c’est ce qui m’a le plus marqué dans ce voyage, le sens de l’hospitalité des algériens. Je n’ai jamais autant entendu “Soyez les bienvenus” ou vu des gens aussi concerné par l’image de leur pays et ce que nous pensions jusqu’ici de notre voyage. La gentillesse, l’attention et le sens de l’hospitalité des Algériens est sans limite et particulièrement touchant. C’est une chose qui est beaucoup moins présente en France et c’est bien dommage.

La soirée se finit vers 4h30 du matin, nous avons bien mangé, dansé, rigolé, parlé et autant dire que nous sommes fatigués. On rentre se coucher. On s’endort en entendant le premier appel à la prière de la journée et on se repose toute la journée.

2ème journée de visite, Oran et ses alentours

Et c’est reparti pour une nouvelle journée de visite ! Et là, catastrophe, je suis malade. Eh oui, le 25 décembre même en Algérie, la malédiction de la maladie de Noël me poursuit. Bon tant pis, je passe en mode survie et coûte que coûte je profiterai de ma dernière journée en Algérie, parce que oui, le voyage touche à sa fin et ce n’est pas facile à avaler. Nous retrouvons Abdel cette fois-ci, le père de Rafik. Il nous emmène à Port aux Poules, à une cinquantaine de kilomètres d’Oran. C’est un petit port de pêche dont une partie est restée assez authentique. C’est agréable d’être au bord de l’eau. La mer, c’est beau. Le littoral également. C’est ce que Abdel nous a concocté pour la journée, découverte du patrimoine naturel. On commence avec Port aux Poules et on s’en va ensuite vers une ville dont j’ai oublié le nom je dois le reconnaître où on trouve des vestiges romains et un important site pétrolier. Oui, on continue avec les contrastes de paysage. Abdel nous explique que de nombreux vestiges sont présents en Algérie mais pour le moment, il n’existe pas de chantiers archéologiques avec un plan d’avenir pour ça. Donc autant conserver le tout sous terre que l’exposer aux intempéries sans plan de conservation. On reprend la voiture et on s’arrête pour voir un phare. Dans la voiture, o

Fillette kabyle vêtue d'un axellal, tenue traditionnelle féminine en laine. Il est retenu aux épauleFillette kabyle vêtue d'un axellal, tenue traditionnelle féminine en laine. Il est retenu aux épaule

Fillette kabyle vêtue d'un axellal, tenue traditionnelle féminine en laine. Il est retenu aux épaules par deux fibules, ifzimen. Sa tête est parée d'une chéchia conique sertie d'un diadème, taɛṣṣabt.

Kabylie, 1910, J.Geiser.


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Fatima Tabaamrant : Une poétesse amazighe engagée

À travers son art, sa voix éveille les consciences : elle porte fièrement son #identité et sa #féminité au-delà des frontières de l'Atlas et de l'Afrique du Nord. Un reportage poignant, signé La voix des Femmes Autochtones.

Une jeunesse marquée par les brimades et un mariage forcé à l’âge de 15 ans ont forgé le caractère combatif de Fatima Tabaamrant, dans les montagnes de l’Anti-Atlas au Maroc. La volonté de préserver la culture amazighe et d’aborder les problèmes sociétaux a surgi plus tard. 

Devenue une raïssa (une chanteuse) reconnue, celle qui écrit aussi ses textes, réalise que son art est une arme d’émancipation massive. Protection de la langue, chômage des jeunes, corruption, place de la femmes… Ses poèmes chantés brisent les tabous et transforment ses concerts en meetings politiques artistiques. Icône de la chanson amazighe, elle se produit dans des festivals au Maroc et à travers le monde. L’enseignement de la langue amazighe lui tient à cœur. Elle défendra cette cause durant son mandat de parlementaire entre 2011 et 2016. 

Aujourd’hui, Fatima poursuit sa carrière de chanteuse militante et inspire une nouvelle génération d’artistes engagés comme Khadija Arouhal.

#fatima tabaamrant    #amazigh    #amazighe    #imazighen    #tamazight    #tamazgha    #femmes    #afrique du nord    #afrique    #morocco    #poésie    #reportage    #chleuh    
 Photographies de Roger Enria, « Les Chasseurs de l’Akfadou : Kabylie 1955-1962 ». Région des At Yeǧ Photographies de Roger Enria, « Les Chasseurs de l’Akfadou : Kabylie 1955-1962 ». Région des At Yeǧ Photographies de Roger Enria, « Les Chasseurs de l’Akfadou : Kabylie 1955-1962 ». Région des At Yeǧ

Photographies de Roger Enria, « Les Chasseurs de l’Akfadou : Kabylie 1955-1962 ». Région des At Yeǧǧer et At Ɣerbi, Kabylie (Algérie). 

Photographies by Roger Enria, «TheAkfadouHunters: Kabylia 1955-1962 ». Region of the At Yeǧǧer and At Ɣerbi tribes, Kabylia (Algeria). 

  1. Women coming back from the fountain (tala)
  2. Winter evening around the kanoun
  3. Leaving the house for the field work
  4. A group of women coming back from the fountain (tala)

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Extrait de l’article “S H E S H N A Q et le calendrier AMAZIGH” écrit par Ammar Negadi (1943-2008), militant berbériste Chaoui et créateur du calendrier Amazigh :

Nous ne devons pas perdre de vue que dans tout calendrier, il faut distinguer d’une part, entre personnage et faits historiques ; d’autre part, il faut relever dans un calendrier les fonctions sociales, économiques (surtout agraires dans une société à l’origine essentiellement paysanne ou agropastorale), et enfin la date/jalon/repère (souvent symbolique, arbitraire et même idéologique -l’exemple de la religion nous le prouve-) que des peuples se donnent comme repère/jalon historique. Ainsi en est-il des anciens peuples de la Méditerranée. 

Chacun avait son calendrier : les Hébreux avec leurs 5 000 et quelques années, les Grecs et les Romains (puis à leur suite les Européens) avaient leurs calendriers qu’ils troquèrent ensuite par leur conversion au christianisme et les datèrent de la date présumée de la naissance de Jésus Christ ; les Egyptiens firent de même avec leur adoption de l’islam. Quant aux Arabes, ils fixèrent leur calendrier à partir de l’Hégire, bien que dans le Coran il est fait référence à des personnages bien antérieurs à l’Hégire : Abraham, Salomon, David, Jésus, etc.…

En outre, il faut retenir que bien avant les calendriers et leurs dates repères, les peuples, selon leur aire d’habitat et leur mode de vie, avaient d’abord élaboré des rites ponctuels liés à leur genre de vie et croyances (d’où l’influence cosmogonique, climatiques, etc.). Un nomade, un marin-pécheur, un paysan, un Inuit ou un commerçant d’une grande cité babylonienne n’avaient pas les mêmes préoccupations ! Bien que l’on retrouve un fond commun dans certains rites et croyances très anciennes, ceci nous renvoi aux balbutiements de l’Humanité… Sur ce viennent se greffer des croyances religieuses, plus ou moins élaborées, jusqu’au monothéisme qui semble prédominer depuis.

Nous voyons bien que brièvement, à travers ces exemples, les peuples peuvent choisir ou changer leur calendrier en fonction de choix volontaires, de conjonctures, etc. Par contre les rites, qui eux préexistaient aux calendriers comme nous l’avons dit, continuent de subsister, quitte à subir parfois des entorses pour mieux correspondre au nouveau calendrier mais surtout à son substrat idéologique (en l’occurrence dans les exemples cités, l’idéologie est strictement religieuse). Ainsi des pratiques et des rites considérés comme « païens », sont-ils, par la force des choses et leur antériorité, intégrer/assimilés par les nouvelles croyances, seules moyens pour elles de subsister/s’imposer. Donc, pour les Imazighen, le choix d’une date/repère pour fixer leur calendrier à partir d’un fait historique incontestable, ne déroge pas à la règle ! Ne se considérant ni Grecs, ni Romains pas plus qu’Hébreux ou Arabes, ils s’estimaient en droit, et de leur devoir, de se donner d’autres repères… C’est ce qui se produisit en 2930 (1980). 

Et voici le message que j’avais posté à l’époque :

« La première fois que fut publié et diffusé un calendrier amazigh, ce fut en 2930, c’est-à-dire en 1980, par l’association Tediut n’Aghrif Amazigh (Union du Peuple Amazigh -UPA-), que j’ai l’honneur d’avoir fondée, dirigée, et donc je suis l’initiateur de ce fameux calendrier dont les uns et les autres, depuis des années déjà, cherchent à lui trouver une mystérieuse origine et une lointaine paternité. »

Ce sont justement ceux qui savent que c’est un Chaouiqui est l’origine de cette initiative, qui tentèrent, et tentent encore, d’embrouiller les pistes.
Le calendrier, très simple et très modeste, à la mesure de nos moyens à ce moment-là, se présentait de la façon suivante : il était à la fois manuscrit et dactylographié, au format 30x42 cm, en son centre, sur les ¾ du haut il représentait un Terguiprêt à dégainer son glaive et sur le fourreau duquel était écrit en tifinagh (nous laissons à ceux qui prétendent connaître l’histoire en question de nous donner les précisions). L’écriture et le dessin étaient en bleu indigo.

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Bien avant cela, les discussions furent âpres et controversées, et surtout après (comme ce fut le cas pour la première liste de prénoms imazighen que nous avions diffusé à la même époque), les gens étaient divisés sur l’opportunité d’un calendrier, s’il y eut quelques enthousiastes inconditionnels, beaucoup étaient contre. Car, comme toujours, ils craignaient que l’on nous taxa de régionalistes, déviationnistes, séparatistes, etc. Même au Maroc, notre ami Mohamed Chafik était réticent sur l’opportunité d’une telle action et il désapprouvait le texte introductif des prénoms imazighen… selon lui, les termes étaient trop violents et l’attaque trop frontale, et, selon lui toujours, à la limite il n’y avait nulle urgence… 

L’objectif du calendrier, le choix de la date, nous les expliquions dans notre bulletin Asaɣen(Asaghen)– Lien paru à l’époque. Mais pour ceux qui n’ont pas connu cette époque-là, et ils sont nombreux, nous reprenons quelques arguments qui avaient servis et guidés notre démarche : 

En -950, Sheshanq Ier s’empare du Delta et fonda la XXIIè Dynastie. Dès lors, le folklore nous dépeint « Pour la première fois, une société éprise de bataille, très différente de la société égyptienne. Le royaume de Napata qui, à la fin du VIIIè siècle, s’étendit de la première cataracte à l’Abyssinie, n’eut pas, comme on le crut longtemps, pour fondateurs les descendants des prophètes du Dieu Amon. Les fouilles de Reisner ont prouvé que ce furent des Libyens qui, dans le pays de Koush, imposèrent leur autorité, comme les Libyens du Nord dans le Delta. » Et citant A. Moret, Ch.-A. Julien écrit plus loin : « Ces Lébous étaient peut-être originaires de l’Atlas, car leurs noms et ceux de leurs chefs rappellent exactement ceux des Numides de l’histoire classique », in G. Camps op. cité.Extraits de la Bible, Chroniques, X-XII. … « La cinquième année du règne de Roboam, le roi d’Egypte, Sheshanq marcha sur Jérusalem car elle était infidèle à Yahvé. Avec 1 200 chars, 60 000 chevaux et une innombrable armée de Libyens, de Sukkiens et d’Ethiopiens, qui vint avec lui d’Egypte, il prit les villes fortifiées de Juda et atteignit Jérusalem… Ainsi parle Yahvé ‘Vous m’avez abandonné, aussi vous ai-je abandonné moi-même aux mains de Sheshanq… Ils deviendront ses esclaves et ils apprécieront ce que c’est de me servir et de servir les royaumes des pays’… Le roi d’Egypte marcha contre Jérusalem. Il se fit livrer les trésors du Temple de Yahvé et ceux du palais royal, absolument tout, jusqu’aux boucliers d’or qu’avait fait Salomon. » NB : Roboam, roi de Juda (v. -931 / -915) ; Yahvé, nom du Dieu des Juifs. 

Et nous nous disions, plutôt que de prendre telle ou telle date, où à chaque fois nos ancêtres semblaient vaincus, dominés, nous allons prendre cette date-là où, pour une fois, nos ancêtres sont envahisseurs, dominateurs, vainqueurs et souverains d’un immense empire et ceci à l’aube de l’histoire.

En conclusion : On voit ainsi que, selon la Bible, c’est un Amazigh envoyé comme châtiment par Dieu pour punir la désobéissance de son « peuple élu » et lui permettre d’être le premier à conquérir le Temple et les trésors de Salomon ! Comme nous venons de le voir, il faut distinguer au minimum trois aspects essentiels dans tout calendrier : la date, les faits historiques, les rites.

a) la date est souvent fixée arbitrairement et de façon volontaire et non pas fortuite, hasardeuse ou légendaire.
b) les faits historiques sont connus, indéniables. Ainsi la date du calendrier part de ce fait historique certain et non l’inverse.
c) les rites, quant à eux, peuvent être antérieurs et le calendrier ne fait que leur fixer des repères.

L’an zéro amazigh se réfère donc à cette date historique de 950 av. JC ou Sheshanqfut monté sur le trône et fonda la XXIIème Dynastie. Le jour de l’an, le 1 Yennar/Yennayer, est ainsi appelé : tibura u seggwas (littéralement, “les portes solsticiales") est le point de départ du calendrier berbère et est célébré par les berbérophones en Afrique du Nord chaque 12 ou 14 Janvier. 

Remarque : Il existe un décalage de 13 jours entre le calendrier grégorien et le calendrier berbère. Les Berbères fêtent donc la nouvelle année le 14 janvier du calendrier grégorien, qui correspond au premier jour du mois Yennayer du calendrier berbère. En Algérie cependant — probablement suite à des renseignements erronés de quelques associations culturelles — la date la plus répandue pour le nouvel an berbère est le 12 Janvier


Le Nouvel An Amazigh / Yennayer 2967 de cette année aura lieu le 14 Janvier 2017 !

Il y a 27 ans, le 28 octobre 1989, disparaissait Kateb Yacine, l'un des écrivains les plus importants de l'histoire de la littérature nord-africaine. Il est issu d'une famille berbère chaouie lettrée de Nadhor, actuellement dans la wilaya de Guelma, appelée Kbeltiya(ouKeblout). Ce « poète en trois langues», selon le titre du film que Stéphane Gatti lui a consacré, demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustice, et l’emblème d’une conscience insoumise, déterminée à rêver, penser et agir debout.

«On croirait aujourd’hui, en Algérie et dans le monde, que les Algériens parlent l’arabe. Moi-même, je le croyais, jusqu’au jour où je me suis perdu en Kabylie. Pour retrouver mon chemin, je me suis adressé à un paysan sur la route. Je lui ai parlé en arabe. Il m’a répondu en tamazight. Impossible de se comprendre. Ce dialogue de sourds m’a donné à réfléchir. Je me suis demandé si le paysan kabyle aurait dû parler arabe, ou si, au contraire, j’aurais dû parler tamazight, la première langue du pays depuis les temps préhistoriques… » Extrait du livre de Kateb Yacine, Les Ancêtres redoublent de férocité, Bouchène/Awal, Alger, 1990. 

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 “Jeunes femmes des Ida ou Zekri aux visages tatoués”, Centre Anti-Atlas - Igherm (Maroc

Jeunes femmes des Ida ou Zekri aux visages tatoués”, Centre Anti-Atlas - Igherm (Maroc, 1934-39) photographiées par Jean Besancenot.


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  • CANADA: Gala gratuit de lancement de la chaîne de télévision d'expression amazighe “Tamazgha Monde” Salle Guillet (800 Rue du Mozaire) à Montréal le 17 Septembre 2016 à 19h, avec la participation de grands artistes : Ouchene Hamid, Achour Zanoutene, Nafaa Chekour, Amir Adoma, Amirouche Arbane, Amar Hamel, Groupe Barbanya Yacine Kedadouche, et la troupe de danse kabyle Tafsut. Plus d'informations
  • FRANCE: “Semaine de la Kabylie” du 19 au 25 Septembre 2016 en plein coeur de Paris. Au programme : expositions, projections, débats, littérature, théatre, poésie, danse, contes, conférences, souk, concerts… Plus d'informations
  • PORTUGAL: Coloquio Internacional - La Herencia Amazigh En La Península Ibérica. Entre el 22 y 23 de Septiembre de este año se celebra en Lisboa (Portugal) este coloquio internacional organizado por el Instituto de Estudos Medievais de la Facultad de Ciencias Sociales y Humanas (FCSH) de la Universidad Nova de Lisboa y la Cátedra Internacional de Cultura Amazigh. Más informaciones
  • FRANCE: L'association Numidya participe à la 68ème foire internationale de Saint-Etienne qui aura lieu du 23 septembre au 3 octobre 2016 au Parc des expositions (Plaine Achille - 31 Bd Jules Janin). L'association organise une rencontre littéraire, des cours de cuisine berbère le 24 septembre 2016 à son local 3 rue Mehule, 42100 Saint-Etienne. Plus d’informations
  • UNITED STATES OF AMERICA : The 8th Amazigh Film Festival will be held in Boston on September 24th 2016. Accepted entries will be shown at the Film Festival during the event, and some selected film makers will get the opportunity to introduce their film to the Film Festival audience. For submissions and other inquiries please contact : [email protected]/More informations
  • CANADA : Journée de la fraternité Kabyle organisée le 24 septembre 2016 à 16h00 au Jardin de l'Hôtel de ville de Montréal, robes kabyles, burnous appréciés. Présence de toutes les associations villageoises kabyles demandées pour la constitution de “L3arch n yeqbayliyen n Montréal”. Plus d’informations
  • FRANCE: “Arraw n Tlelli” organise la “Journée de la Fraternité Kabyle” le samedi 24 septembre 2016 de 14h00 à 17h00 à la Tour Eiffel (Paris). Tenues traditionnelles kabyles (robes et abernus) appréciées pour se rendre à l'évènement. Plus d'informations
  • FRANCE: Pour sa troisième édition, le Festival International des Musiques Berbères et d’Ailleurs, ouvert à tous, vous convie au Parc Floral de Paris le samedi 01 et dimanche 02 octobre 2016. Le programme s’articulera sur deux jours de 15h à 18h et de 20h30 à 23h30. Pour le plaisir de tous, le FIMBA rassemble sur scène des artistes berbères aux musiques traditionnelles en passant par l’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie…) et également des musiques traditionnelles européennes telles que la Corse, la Bretagne… Plus d'informations
  • FRANCE: L'Association Culturelle des Kabyles de Bordeaux (ACKB) organise un grand gala animé par IDIR le samedi 8 octobre 2016 au Rocher de Palmer (1 Rue Aristide Briand, 33150 Cenon). Le groupe AmZik et la chanteuse Thara animeront, quant à eux, la première partie du concert. Plus d'informations
  • FRANCE: Deux stages de danse kabyle sont organisés par le Festival DiverScènes. Le premier a lieu le 16 octobre 2016 de 14h à 16h à la Salle du Gué Perray à Changé (72), et le deuxième le 6 novembre 2016 de 14h à 16h au Centre Social des Sablons à Le Mans (72). Pour ces deux dates, Asma Sebaha, animatrice et chorégraphe en danses du monde depuis dix ans, partagera avec vous ses origines kabyles, dans une ambiance décontractée et chaleureuse. Plus d'informations concernant la 1ère date-2ème date
  • FRANCE:  Ciné-conférence sur le Maroc Berbère à Saint Jean de Monts (Palais des Congrès Auditorium Odysséa) en Vendée le 1er décembre 2016 à 15h. L-M. et E. Blanchard nous entraînent dans la magnifique vallée du Haut Atlas - Vallée des Aït Bou-Oulli qui échappe encore à l'arabo-islamisation et la mondialisation standardisée. Plus d'informations
  • FRANCE: Partez en famille à la découverte de la culture Berbère et Kabyle à travers des contes, chants et danses proposés par Taous, Josette et Leslie des associations Tiwizi et Diverscène, le mercredi 11 janvier 2017 de 18h30 à 19h30 au Centre François Rabelais 1 place Victor Hugo à Changé (72). Plus d'informations
  • FRANCE: Hacène Hirèche, enseignant de langue et civilisation berbères à l’université de Paris 8, organise une conférence autour du sujet “Afrique du nord : quel avenir pour la culture berbère ?”. Cette conférence aura lieu le samedi 14 janvier 2017 à 16h00 au Centre François Rabelais 1 place Victor HUGO 72560 Changé. Plus d'informations
  • MAROC: L’Amazigh Business Forum aura lieu les 25 et 26 février 2017 à Agadir. L’Amazigh Business Forum est décrite comme étant la plus grande plateforme de rencontres et de projets entre les entrepreneurs Nords-Africains et les potentiels investisseurs venant du monde entier. Plus d’informations
  • FRANCE: Premier Colloque International de Linguistique Berbère organisé les 9 et 10 mars 2017 à Auditorium du Pôle des langues et civilisations, INALCO à Paris. Les sujets suivants seront abordés : Lexicologie/Sémantique ; Morphosyntaxe ; Phonétique/Phonologie ; Sociolinguistique/Dialectologie. Plus d’informations
  • TUNISIE: Du 23 mars au 26 mars 2017 aura lieu le “Tamazight Festival”, un festival ayant pour but de réanimer la culture amazighe de Tunisie. Ce festival aura lieu à Tamazret, et vous permettra de vivre 3 jours d’histoire, de musique, de nostalgie et de traditions. Plus d'informations
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